Une récente étude (12) a voulu tester scientifiquement l’intérêt du régime sans gluten sur la performance. Sa conclusion est sans appel : çà ne sert à rien. Mais n’était-ce pas joué d’avance ?
« UN EFFET DE MODE ET RIEN D’AUTRE » ?
Le corps médical considère que l’adoption d’un régime sans gluten constitue une mesure indispensable pour tous les patients qui présentent une allergie- comme pour n’importe quel autre allergène- et pour les authentiques malades coeliaques, chez lesquels la consommation de la moindre source de protéines issues du blé et de céréales voisines déclenche de violentes réactions immunitaires. Enfin, et depuis peu, cette recommandation s’adresse aussi à une autre catégorie de patients, ceux présentant une « intolérance au gluten non coeliaque ». Il s’agit d’une entité récemment caractérisée, qui concerne des individus qui réagissent au gluten de manière indiscutable, mais chez lesquels les marqueurs habituels de la maladie coeliaque ne sont pas modifiés Autrement dit, ils passent à travers les mailles de la biologie classique, non sans présenter des troubles digestifs chroniques. On estime actuellement que ces sujets représentent environ 10% de la population… chiffre nettement inférieur aux 40% de sportifs qui, selon les derniers chiffres australiens, auraient décidé de suivre les traces de Djokovic et d’évincer blé, seigle et orge de leurs menus (11). Effet de mode indéniable, cela les sert-il ou non ? Un groupe de chercheurs Australiens et Canadiens a voulu en avoir le cœur net, et a mené une étude pour établir si ce régime améliorait les performances. Les deux principaux auteurs, Dana Lis de l’Université de Tasmanie et Trent Stellingwerff (12), de l’Université de Colombie Britannique reconnaissent sans gêne, dans l’introduction de leur article, qu’ils ont entrepris ce travail avec la conviction que le régime sans gluten n’améliorait pas les performances. L’enjeu est important ; en effet, en supprimant certains aliments contenant du gluten, et par ailleurs particulièrement pourvoyeurs de glucides, comme les pâtes, le pain ou beaucoup de céréales, on pourrait s’exposer au risque de ne plus disposer de ressources énergétiques suffisantes.
En Australie, le sujet est sensible. La nutritionniste la plus réputée de l’Île Continent, Louise Burke, prône en effet pas moins de 10 g de glucides par kg de poids et par jour pour faire face aux besoins caloriques liés à l’entraînement (4 ). En adoptant de manière arbitraire et sans consentement médical ce régime à la mode- comme on l’entend dire à l’envi, ces sportifs ne risquent-ils pas, en plus d’aller à l’encontre du dogme officiel, de se priver d’un précieux carburant, et d’altérer leurs performances ? C’est pour calmer les ardeurs et les velléités d’éviction du public sportif que ce travail a été entrepris.
LE SANS GLUTEN NE SERT À RIEN…
Comment ont-ils procédé ? Ils ont sélectionné 13 volontaires, tous cyclistes (8 hommes et 5 femmes), dont ils ont préalablement déterminé l’état général. Ils les ont ainsi évalués avec des tests d’effort classiques, VO2 Max, détermination des seuils, mais également questionnés sur la nature et la fréquence de survenue de troubles digestifs. Ils leur ont encore fait compléter des questionnaires permettant de caractériser leur qualité de vie, leur fatigue, leur humeur. Bref, de regarder tout ce qui, de près et de loin, est susceptible d’évoluer sous l’effet d’une éviction du gluten. L’ensemble des volontaires se soumettait également à une batterie de tests sanguins, dont l’objectif était d’évaluer le taux de cytokines pro-inflammatoires, marqueurs très intéressants dans le contexte d’une étude courte. En effet, ils peuvent fluctuer très rapidement au moindre changement de contexte immunitaire, contrairement à d’autres indices comme la Protéine C-Réactive, usuellement mesurés dans des bilans standard, mais dont la latence d’évolution, en dehors d’infections franches, demande un délai plus long. Les cyclistes furent répartis en deux groupes, astreints à suivre un régime particulier pendant une semaine, sous la supervision de l’équipe de chercheurs. Tous devaient éliminer au maximum les sources de gluten –ce qu’une diététicienne expérimentée les aida à mettre en place. Ensuite, un premier groupe ajoutait à sa ration deux barres diététiques renfermant chacune 8 g de gluten, alors que l’autre recevait des barres d’aspect similaire, mais sans gluten. Une expérience initiale montra qu’elles étaient indiscernables au goût, ce qui permettait une véritable étude en double aveugle. Après ces sept premiers jours, tous réalisaient un effort consistant en 45 mn d’échauffement à 70% de la puissance maximale, suivies d’un contre-la-montre de 15 mn, durant lequel ils devaient couvrir le plus de distance possible. Ensuite, durant 10 jours, les deux groupes revenaient à leur alimentation habituelle, avant de refaire une semaine de régime durant laquelle, sans qu’ils le sachent, on leur inversait les barres. Ils se soumettaient à nouveau aux tests physiques et aux évaluations biologiques. Les dix jours qui séparaient les deux phases de l’étude permettaient d’éviter qu’un effet éventuellement observé lors du 2ème test s’explique par les changements obtenus lors de la première semaine, et dont l’influence aurait persisté au cours de la semaine suivante.
Par ailleurs, une autre source d’erreur possible était écartée puisque, lors de chaque exercice, les apports glucidiques étaient calibrés de manière à être identiques.
Que regardait-on ? Les résultats obtenus par un même sujet, dans chacune des deux situations, servaient de base de comparaison. L’analyse statistique portait sur les moyennes de différences observées entre les deux phases. Ainsi, si l’éviction du gluten améliorait les performances de chacun des cobayes, tous devraient avoir enregistré des écarts entre leurs deux tests, et ces derniers se répercuteraient dans les calculs. A quoi tout cela a-t-il abouti ? A démontrer que l’éviction, puis la réintroduction du gluten n’avait produit aucun effet, ni sur les résultats des tests physiques, ni sur les scores d’inconfort digestif, de douleur ou de fatigue, ni même sur aucun marqueur biologique.
Alors exit le régime sans gluten, une « nouvelle mode » sans lendemain ?






SURTOUT QUAND AU DÉPART, TOUT VA BIEN…
Une lecture attentive de la méthodologie laisserait circonspect un scientifique chevronné, en raison des biais et approximations qui y figurent. Citons le principal écueil de l’étude ; tous les auteurs qui ont antérieurement suspecté, puis évoqué l’existence d’une nouvelle forme d’intolérance au gluten, sont partis de leurs observations ; les patients pour lesquels ils pressentaient cette anomalie présentaient des symptômes très pénalisants. Ce pouvait être sur le plan digestif, comme dans l’étude de Jessica Biesekirski (1). Les 34 patients qu’elle y a décrits présentaient tous, au début du suivi, d’importantes perturbations du transit, mais aussi une forte fatigue, des douleurs traînantes, et faisaient état d’une qualité de vie très insatisfaisante. Cela pouvait aussi concerner des patients souffrant de fibromyalgie, comme dans le travail du rhumatologue madrilène Carlos Isasi (10). Ce dernier a rapporté les bénéfices observés chez 20 patients ayant évincé le gluten, et chez lesquels, préalablement, le score de douleur culminait à 10 sur 10. L’équipe du gastro-entérologue Luis Rodrigo, de l’Université des Asturies, comportait 97 patients fibromyalgiques suspectés de mal tolérer le gluten (14). Tous, sans exception, faisaient état d’un très mauvais score sur un questionnaire validé de qualité de vie. Rien de semblable dans l’étude de Lis ; la majorité de ses cobayes, au début de l’expérience, ne présentaient aucun trouble digestif, ni au repos ni à l’effort, et leurs scores initiaux sur des questionnaires de qualité de vie, montraient qu’ils allaient très bien. Enfin, les taux de cytokines mesurés en début d’étude révélaient l’absence de la moindre inflammation à J0. Autrement dit, ce n’étaient pas de bons candidats pour adopter un régime sans gluten. Coluche se moquait de la lessive qui lavait « plus blanc que blanc ». On a inventé le régime qui fait aller mieux que mieux ! Le second écueil concerne la taille de l’effectif.
Même en utilisant les patients comme leurs propres témoins, la faible taille de l’effectif impose, si on se réfère aux règles de calculs statistiques, qu’il aurait fallu observer une amélioration (ou une régression) de 30% des performances, pour que l’effet observé fût significatif. Il y avait là de quoi dormir sur ses deux oreilles. Les dés étaient pipés à l’avance ; la nature du protocole ne pouvait pas conduire à un autre constat que celui établi par les auteurs. On peut néanmoins s’interroger ; là où Carlos Isasi a dû essuyer plusieurs refus de la part du comité de lecture des revues scientifiques auxquelles il s’est adressé pour publier son travail- refus souvent justifié par la faiblesse de son effectif- Dana Lis et ses collègues n’ont eu aucun mal à convaincre les experts chargés de valider leur travail que leur méthodologie ne souffrait d’aucun biais.
Peut-on penser, naïvement, qu’on encouragerait plus facilement la parution d’un article scientifique qui discrédite la pratique d’un régime sans gluten, qu’un autre qui le présenterait, au contraire, comme un moyen thérapeutique prometteur ?
La question mérite d’être posée, dans la mesure où certains des arguments avancés dans l’article, pour mettre en garde contre l’éviction du gluten, relèvent de la pure désinformation. L’une des références citées dans cet article indique que, en évinçant le gluten, on accroît le risque de déficit en fer (8). Sauf à décider de supprimer la sauce bolognese dont on napperait les pennes, les spaghettis et autres tagliatelles, considérer que cet ostracisme contre le blé et ses cousins exposerait au risque de déficit martial n’a aucun sens. Les denrées délivrant à la fois le plus de fer, et le présentant sous une forme facilement assimilable, appartiennent au règne animal. Les aliments renfermant de la myoglobine ou de l’hémoglobine le délivrent en effet à des taux nettement supérieurs que ceux issus du règne végétal. Parmi ceux-ci, le blé ne figure même pas parmi les sources les plus intéressantes. L’argument ne tient pas la route, et il rappelle l’histoire de la créatine supposée cancérigène, affirmation non avérée scientifiquement mais qui répondait à un but identique : dissuader le monde sportif de continuer une pratique qui échappât aux autorités médicales.
LE GLUTEN EST-IL COUPABLE ?
Derrière tout ce débat, une question reste en suspens. Dana Lis y fait allusion dans son article, et pour toute explication évoque une croyance et un effet placebo. De quoi s’agit-il ? Son étude préalable avait démontré que 50% des sportifs qui suivaient un régime sans gluten indiquaient ressentir des épisodes de léthargie s’ils s’autorisaient des entorses à leurs habitudes alimentaires (12). Cela les conforte dans l’idée d’un aliment toxique, et quelques-uns ne sont pas loin de se tourner, en réaction, vers la pratique d’un régime paléolithique à la limite du risible. Cela intrigue : Le gluten serait-il devenu, en l’espace d’une ou deux générations, un ami physiologiquement infréquentable ? Le dogme des céréales qui tuent a du mal à passer chez certains scientifiques, et le parti pris de Dana Lis, de ses collègues et de bien d’autres scientifiques se comprend. Ce discours qu’ils dénoncent, et qui oublie les siècles d’histoire durant lesquels le pain était sacré, semble sorti tout droit de la bouche de savants frappés d’amnésie. Certes. Mais d’un autre côté, les écrits et les convictions d’autres auteurs (1, 2, 10, 14) reposent aussi sur des faits. Certains se sont révélés fort tenaces pour comprendre ce qui se passait. Ainsi, l’existence de cette « intolérance au gluten non coeliaque » a-t-elle fait l’objet d’un recueil de données très poussé, sur 10 années, de la part du service de gastro-entérologie de l’Hôpital de Palerme, sous l’égide du Pr Antonio Carrucio (5). Ce travail de fourmi a permis de définir la très forte proportion de cas où cette réaction « invisible » au gluten donnait lieu à l’apparition de maladies auto-immunes. Cela survenait dans pas moins de 29% des cas, majoritairement sous la forme de thyroïdites auto-immunes. Véritable crime de lèse-majesté au pays de Marco Polo. Alors qu’en penser au final ? L’hypothèse la plus vraisemblable, en 2016, pour expliquer cette particularité, serait l’existence de réactions croisées entre le gluten, certaines cellules thyroïdiennes et une protéine du mycélium du candida Albicans, dont l’homologie structurelle avec la gliadine dépasse 50% (7). Dans toutes ces situations, des anticorps anti-gluten accompagnent ces importants troubles fonctionnels et ces douleurs ! Mais alors, me direz-vous, le problème ne fait que se déplacer :
Si l’intolérance au gluten résulte de la présence d’un germe dans l’intestin pourquoi, alors, voit-on autant de mycoses chez les sportifs ?
Deux raisons majeures doivent être avancées.
La première c’est l’existence du phénomène d’Open Window Phenomenon (OWP), qui fait suite à un effort intense ou prolongé, et conduit à une période de vulnérabilité immunitaire, durant laquelle n’importe quelle rencontre peut mal tourner, ou encore durant laquelle certains germes tenus jusqu’alors au silence reprennent leur cycle de prolifération. Plus on s’entraîne, plus la probabilité que cela survienne augmente. Et dans le sport moderne, c’est quasiment la règle ! Il peut s’ensuivre une infection chronique, à bas bruit, chez des sujets initialement parfaitement compétents sur le plan immunitaire (6).
La seconde est davantage contextuelle et sociologique. Le Pr Martin Blaser s’y attarde longuement dans son dernier ouvrage, traduit en français sous le titre : « La santé par les microbes » (3). Le « microbiote » (comme on dit aujourd’hui) de l’homme du XXIème siècle n’est plus la forêt amazonienne microscopique qui peuplait les intestins de nos aïeuls. Les antibiothérapies transgénérationnelles, celles subies par le bétail, et transmises par la plupart de nos aliments, l’excès d’asepsie, le stress, la pollution ont fait leur œuvre, à l’égal des pesticides qui seraient relâchés au dessus de la plus grande forêt de notre planète. De multiples espèces ont disparu laissant le champ libre à d’autres, et ce dès les premières années de notre vie. Ce déséquilibre, nous explique-t-il, affecte l’harmonie de notre immunité, et favorise le développement de tels germes. Il ne reste alors plus qu’à confronter nos intestins et nos systèmes immunitaires à leurs limites d’adaptation. Dans un tel contexte, le gluten exercerait, dans l’organisme d’un sujet porteur d’une mycose, le même effet qu’un sosie de Ben Laden venant se promener à Ground Zero. Les différentes formes d’intolérance au gluten ne constitueraient finalement que des avatars de perturbations plus profondes, dont on n’a pas fini d’entendre parler ces prochaines années.
L’intolérance au gluten « non coeliaque ».
Les biologistes s’interrogent aujourd’hui sur la pertinence de marqueurs biologiques dont on pense, sans même les remettre en cause le moins du monde, qu’ils permettent de traquer les authentiques intolérants au gluten. Un nombre croissant de spécialistes remet en cause leur intérêt. Le premier coup a été porté en 2010, dans la prestigieuse revue « Lancet Neurology » par un neurologue grec exerçant au Royaume Uni, le Pr Marios Hadjivassiliou ( 9). Compilant 20 ans d’observations menées dans son service de l’Hôpital de Leeds, il fut frappé par le nombre de patients chez lesquels il nota l’existence de lésions cérébelleuses ou corticales. Chez eux, il n’avait pas constaté forcément d’anticorps anti-gluten, puisque les résultats revenaient négatifs dans plus de 40% des cas, alors même qu’il pointait d’indéniables améliorations avec l’arrêt des sources de gluten. De quoi l’intriguer…. Finalement, il fit un autre constat biologique, pas moins intéressant… en regardant de plus près une enzyme, habituellement localisée sur la muqueuse intestinale, la transglutaminase. Cette dernière intervient lors des phases ultimes de dégradation de certaines protéines, dont la gliadine et, chez des sujets génétiquement prédisposés, une attaque immunitaire s’exerce à l’encontre de cette enzyme (et par conséquent à l’encontre également du tissu qui la porte), lorsque la séquence antigénique du gluten est « débusquée » par la réaction enzymatique. Or, il constata qu’une très forte proportion de ces patients atteints de lésions objectives, présentait des anticorps anti-transglutaminase dans les régions atteintes, comme s’il s’agissait d’une maladie coeliaque cérébrale. De là à mettre en garde contre « ces glucides qui menacent notre cerveau », il n’y a qu’un pas, que franchit allègrement et de manière inappropriée le Dr David Perlmutter, neurologiste de Floride, expert de la maladie d’Alzheimer, dans son dernier ouvrage « Grain Brain » (13). Toujours est-il que certains patients porteurs d’une prédisposition génétique expriment (de manière pas si anormale que cela, puisque l’intestin et le cerveau présentent la même origine embryologique), une variante de cette enzyme dans ces tissus. Si, en raison d’une hyper perméabilité intestinale, des fragments de gluten pénètrent dans le cerveau, ils se lient à cet enzyme et le système immunitaire détruit la zone porteuse de l’ensemble. L’exercice et une mycose chronique ont en commun de porter régulièrement des coups bas à cette fine muqueuse, pour favoriser le passage de toxines, et de fragments protéiques dans la circulation. Il ne leur reste alors plus qu’à gagner le cerveau…
Le second coup au dogme biologique est venu d’une compatriote de Dana Lis, en la personne de sa collègue la gastro-entérologue Jessica Biesekirski, de l’Université de Leeuven (Belgique) (1). Elle mena une étude aux conclusions plutôt troublantes. Son travail s’adressait à 34 patients souffrant depuis des années d’un intestin irritable. Elle décida de les répartir en deux groupes. L’un recevait un régime strict sans gluten, auquel elle ajoutait deux tranches de pain et un muffin sans gluten. L’autre avait droit à la même faveur, mais avec des produits renfermant du gluten. Elle constata qu’au bout de seulement 8 jours les cobayes qui avaient réintroduit du gluten à leur insu voyaient leur inconfort digestif, leurs douleurs musculaires, leur fatigue et leur qualité de vie se dégrader de manière très significative. Cela survenait sans que les marqueurs biologiques habituels soient modifiés. Fin 2014, le coup suivant provint d’Espagne et, fait étonnant, ce sont deux équipes distinctes qui brandirent le glaive (10, 14). Carlos Isasi (10) exerce sur Madrid, et s’intéresse de près à la fibromyalgie.
Depuis plusieurs années, fort de l’expérience tirée de la réception de près de 150 patients présentant ces douleurs chroniques, il établit peu à peu l’hypothèse qu’une réaction immunitaire, se tenant au niveau de la muqueuse intestinale, et mettant en jeu le gluten, pouvait stimuler les nocicepteurs viscéraux et créer ces douleurs chroniques. Insatisfait des marqueurs biologiques habituels, il tenta une autre approche, et proposa à ses patients de réaliser une biopsie intestinale. Celle-ci révéla la présence d’une forte densité de lymphocytes à proximité des neurones intestinaux, et plus leur densité était importante, plus la douleur perçue culminait. L’éviction du gluten produisait une forte baisse, voire pour certains une disparition totale des douleurs en l’espace d’un mois. Une nouvelle biopsie révélait quant à elle une quasi disparition des globules blancs de la muqueuse. Là encore, aucun changement n’était survenu au niveau des marqueurs biologiques habituels. L’un de ses collègues, le professeur Luis Rodrigo, exerçant dans le Service de gastro-entérologie du Centre Hospitalo-Universitaire des Asturies (14), a lui aussi établi une relation entre la survenue de troubles digestifs chroniques et l’apparition de douleurs musculaires. Il a reçu dans son service bon nombre de patients fibromyalgiques. Il leur proposa d’adopter un régime sans gluten permettant, avec un an de recul, une amélioration significative de leur qualité de vie. Aucun changement significatif n’était survenu en ce qui concerne les marqueurs classiques de l’intolérance au gluten.




BIBLIOGRAPHIE :
(1) : Biesekirski JR, Newnham ED & Coll (2011) : Gluten causes gastro-intestinal symptoms in subjects without celiac disease: a double-blind randomized placebo-controlled trial. Am.J.Gastroenterol., 106 (3) : 508-14.
(2) : Bieuvelet S, Riché D & Coll (2015) : Syndrome de l’intestin irritable et douleurs extra-digestives co-existantes : Un régime d’éviction du gluten associé à la prise de probiotiques et de prébiotiques peut-il être bénéfique ? Santé Intégrative, 47 : 32-5.
(3) : Blaser M (2014) : « Missing microbes ». Henry Holt Ed.
(4) : Burke L (1997) : Nutrition for post-exercise recovery. Austr.J.Sci.Sports Med., 29 (1) : 3-10
(5) : Carrucio A, D’Alcamo A & Coll (2015) : High proportions of patient with non celiac gluten sensitivity have auto-immune disease or nuclear antibodies. Gastroenterology, 149 (3) : 596-603.
(6) : Charlier C., Lahourou R & Coll (2005) : Mycoses systématiques du sujet apparemment immune-compétent. J.Mycol.Med., 15 : 22-32.
(7) : Corouge M, Loridant S & Coll (2015) : Humoral immunity links candida Albicans and celiac disease. Plos One, 10 (3) : 1371-6.
(8) : Gaesser GA, Angadi SS (2010) : Gluten-free diet: imprudent dietary advice for the general population? J.Acad.Nutr.Diet., 112
(9) : 1330-3. (9) : Hadjivassiliou M, Sanders DS & Coll (2010) : Gluten sensitivity: from gut to brain. Lancet Neurology, 9 (3) : 318-30.
(10): Isasi C, Colmenero I & Coll (2014) : Fibromyalgia and non-coeliac gluten sensitivity : A description with remission of fibromyalgia. Rheumatol .Int., 34 : 1607-12.
(11): Lis D, Stellingwerff T & Coll (2014) : Exploring the popularity, experiences and beliefs surrounding gluten-free diet in non coeliac athletes. Int.J.Sports Nutr.Exerc.Metab., 25 : 37-45.
(12): Lis D, Stellingwerff T & Coll (2015) : No effects of a short-term gluten-free diet on performance in non coeliac athletes. Med.Sci.Sports Exerc., 47 (12) : 2563-70.
(13): Perlmutter D, Loberg K (2013) : “Grain Brain”, Little Brown & Company.
(14) : Rodrigo L, Blanco I & Coll (2014) : Effect of a one-year of gluten-free diet on the clinical evolution of irritable bowel syndrome plus fibromyalgia in patients with associated lymphocytic enteritis: a case-control study. Arthritis Res.Ther., 16 : 421-31
Denis Riché, pour « Sport & Vie » - 2016
Photos : MCC
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