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Le train-train de la SKY : une belle stratégie de communication

L’article paru dans le journal l’Equipe du dimanche 14 juillet 2013, détaille certains aspects de la méthode « Sky », parmi lesquels on relève moult détails sur l’expertise nutritionnelle supposée des Anglais.

 

 

Premier élément mis en avant, l’omelette avec trois oeufs (dont un jaune), grande trouvaille du… docteur Haas, auteur d’un best-seller « Manger pour gagner », paru au milieu des années 80 et qui prônait la chasse au gras… et sans doute au cholestérol. Ce choix est un non-sens total. Tout d’abord parce que les coureurs du Tour ont un engagement physique qui leur fait peu craindre de prendre de la masse grasse. Et si, par hasard, cela arrive lors d’une épreuve l’anomalie vient plutôt- comme on l’a noté très souvent- d’une tendance anormale à transformer les sucres en graisses. Cette anomalie, souvent mise en évidence chez des coureurs trentenaires avec une biologie ciblée, correspond à une sorte de « vieillissement prématuré » du pancréas qui, après de nombreuses années d’effort et de « gavage » aux glucides,  commence à dysfonctionner. L’éviction du jaune d’œuf, dans ce contexte, n’y change rien. De plus il apporte du cholestérol, utile à la fabrication d’hormones –telles que la testostérone- et dès le début des années 80 le Pr Creff avait pointé les chutes anormales du cholestérol total des cyclistes (ce que nous avons vérifié), tout simplement parce que les matériaux utiles à sa synthèse partaient en « fumée » dans les réactions énergétiques du corps. Enfin, le jaune d’œuf recèle beaucoup d’oméga 3 (comme l’a récemment rappelé le docteur Thierry Coste, de Marseille) et ces « oméga 3 » jouent un rôle protecteur sur le plan cardio-vasculaire.

 

Second élément mis en avant : la présence de gel pour les mains, à cause de la peur du microbe, déjà palpable lorsque j’ai travaillé à Chelsea. Il est vrai que durant l’effort, et juste après celui-ci, les sportifs sont plus vulnérables sur le plan immunitaire. Mais la prévention consiste moins à éradiquer (virtuellement) le moindre microbe). Il s’agit plutôt de renforcer l’immunité, et c’est là que les bilans biologiques ciblés peuvent pointer des déficits très défavorables, ou que le travail sur la flore intestinale s’avère précieux. Durant les deux années de collaboration avec l’équipe Cofidis (2010 et 2011), le coureur malade était l’exception. Et on ne vivait pas dans la phobie du microbe. Question : quand un coureur de la « Sky » prend une barre dans son cuissard, s’est-il lavé les mains avant ?

 

Quant à l’idée de déterminer les besoins caloriques sur la base d’images télé et de la météo, je pense qu’elle ferait hurler de rire des gens comme Fred Brouns qui ont consacré plus de 6 mois, au milieu des années 90 à travailler sur la question et sont arrivés à la conclusion que la variabilité d’un coureur à l’autre, mais aussi chez le même coureur était très importante. De plus, toutes les calories ne se valent pas ; "Fromme" a-t-il besoin de 200 calories tirées des glucides ou des lipides pour grimper le Ventoux ? Est-ce la speakerine qui lui donne des éléments pour trancher ? Et surtout, comme nous le signalons depuis une quinzaine d’années, c’est moins sur l’aspect énergétique (l’essence) que sur l’aspect fonctionnel (les pièces du moteur) que le rôle de la nutrition se mesure vraiment. Et sur ce plan, la démarche des « Sky » semble tout à fait conventionnelle. A se demander si tout cela ne relève pas d’une vaste campagne de communication où, en insistant sur le souci du détail, on finirait pas laisser croire que la supériorité de "Fromme" tiendrait à l’intelligence avancée de son entourage, à ses qualités physiques.. et à sa tolérance à la douleur… qualité qu’il partage, si mes souvenirs sont bons,  avec Lance Armstrong.

 

Denis Riché - 15 juillet 2013


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