1ère publication de cet article : 2001
Un courant nouveau se dessine en diététique sportive où l'on ne se focalise plus seulement sur l'alimentation des muscles, mais où on s’intéresse aussi aux besoins de cerveau. Cela passe par des considérations très pointues qui s’appuient sur la « micronutrition ». Explications…
"Moralement, je n'étais pas présent. Dès le premier set, je ne sais pas exactement comment l'expliquer, mais ma tête n'a plus suivi. J'ai compris que j'allais perdre" expliquait le joueur Juan Carlos Ferrero après sa demi finale perdue contre Gustavo Kuerten au dernier Roland Garros (*). Le hasard a voulu que le même jour, Martina Hingis tienne des propos quasiment identiques pour expliquer sa défaite contre Jennifer Capriati. "On ne s'arrête jamais, on s'entraîne, on est pris dans une sorte de routine à rencontrer toujours les mêmes adversaires. Certaines joueuses se blessent mais pour moi, c'est plus un problème mental" (**). Dans le discours des champions, on retrouve souvent cette opposition entre fatigue psychique et physique, comme si le corps et le mental évoluaient chacun selon ses propres cycles. Evidemment, pour l'athlète, c'est une excellente façon de se dédouaner. Non, il n'a pas été battu par plus fort que lui. Mais par son propre manque de concentration. C'est moins rédhibitoire. Pour l'entraîneur aussi, la situation est plus confortable. Il ne peut pas être tenu pour responsable des défaillances de son poulain. Que voulez-vous? Si la tête ne suit pas... On le voit, le psychisme a bon dos. En outre, il échappe complètement à toute tentative de contrôle. Songez un peu que pour évoquer les seules qualités cardiovasculaires, on dispose de près d'une dizaine de concepts différents, alors qu'il n'existe aucun repère pour évaluer l'état du système nerveux. Le cerveau reste bien cette boîte noire à laquelle on le compare volontiers avec sa part de mystère et sa part d'ennui. Une science se propose pourtant de briser le caractère apparemment inéluctable de ces défaillances mentales passagères. Elle part du principe que le cerveau est un organe comme les autres qui, pour bien fonctionner, doit être correctement pourvu en énergie et en matériaux de construction. L'idée n'est pas nouvelle mais l'évolution de nos connaissances en micronutrition pousse assez loin les applications.
La moutarde me monte au nez
Le fait que la nourriture puisse influencer le fonctionnement de l'esprit et la perception du monde est probablement l'une des plus anciennes découvertes de l'homme. L'usage des drogues remonte aux origines de l'humanité: et même avant, si l'on se base sur les comportements de certains animaux, comme les éléphants par exemple, qui se défoncent volontiers en dévastant des champs de chanvre indien. Bref, très tôt dans son histoire, l'homme a expérimenté toutes sortes de substances psychoactives: alcool, cannabis, pavot, coca, ergot de seigle, khat, champignons et autres drogues qui permettent de se déconnecter de la réalité. Progressivement, on a admis que l'alimentation pouvait aussi induire des variations plus fines du caractère. On trouve cela chez Galien qui, au deuxième siècle de notre ère, a codifié d'anciennes théories grecques selon lesquels la santé dépendait de l'harmonie de quatre substances liquides qui clapotaient dans l'organisme: le sang, le flegme, la bile jaune et la bile noire. Sa médecine résultait ainsi d'une curieuse arithmétique quadrangulaire qui composait en outre avec quatre éléments (feu, eau, terre et air) et quatre tempéraments (chaud, froid, sec et humide). Dans l'esprit de l'époque, les maladies découlaient d'un déséquilibre entre ces fluides que l'on traitait classiquement par des purgations ou des saignées. L'alimentation jouait aussi un rôle important. Chaque plat se voyait doté de vertus particulières. La laitue, par exemple, avait la réputation de freiner les ardeurs guerrières (ou sexuelles) alors que les épices et la moutarde excitaient au contraire les tempéraments. Voilà ce que l'on enseignait dans les écoles de médecine. Et pas question de discuter! Galien était décrit pas ses contemporains comme un type odieux et terriblement méprisant. On avait peur de le contredire. Même après sa mort! Si bien que la théorie des humeurs résista jusqu'à la fin du moyen âge accompagnée d'une flopée de recommandations diététiques bidons. Aujourd'hui encore, on conserve quelques vestiges de ces anciennes croyances dans des expressions comme "flegmatique", "bileux" ou "sanguin" qui s'appliquent à décrire le caractère. Dans l'école psychanalytique aussi, on retrouve cette obsession médiévale de classer les gens par famille de tempérament. Ainsi les "Types psychologiques" définis par Carl Gustav Jung (1875-1961) présentent de nombreux points communs avec le galénisme. Voilà le premier grand mythe de la psychonutrition: attribuer des caractères aux aliments et penser que ceux-ci orientent l'humeur de ceux qui les consomment. Le second grand mythe historique se trouve défini par le terme "consubstantialité", c'est-à-dire l'idée que l'on est ce que l'on mange! A partir de là, on recommande des aliments qui, par analogies de forme ou d'odeur, évoquent les vertus que l'on veut s'attacher (8). Ce parallélisme un peu primaire se reconnaît dans tous les domaines. Avant l'épisode de vache folle, par exemple, on donnait facilement de la cervelle aux étudiants pour les aider à mieux réfléchir en période d'examens. La plupart des aphrodisiaques répondent aussi à des critères évocateurs. Au Moyen âge, par exemple, les poireaux et les asperges se voyaient souvent recommandés pour l'homme; tandis que les poires et les figues convenaient mieux à la femme. Aujourd'hui encore, on continue de se prêter à des analogies inconscientes même dans des domaines aussi sérieux que la pharmacologie. Ainsi il ne viendrait à l'idée d'aucun laboratoire de commercialiser un somnifère rouge ou un excitant bleu. Quant aux diurétiques, ils sont souvent jaunâtres et les laxatifs marrons. Pourquoi? Dans son livre "Le mystère du placebo", Jean-Jacques Aulas livre d'ailleurs une anecdote tout à fait étonnante sur cette rhétorique des couleurs. Sur le marché des batiks à Lomé au Togo, il a observé la vie dans les échoppes où l'on vendait de gros sacs en plastique avec des médicaments sans notices échoués là on ne sait trop après quel périple humanitaire. Les vendeuses, surnommées "Mamas Benz", ne possédaient évidemment aucune connaissances médicales. Cela ne les empêchait pas de faire la réclame de leur étalage: telle couleur, c'est pour la tête; telle autre, c'est pour le ventre. Le plus extraordinaire, reconnaît Aulas, c'est qu'à l'analyse, on s'aperçoit que les conseils des Mamas Benz correspondent relativement bien aux indications d'origine.
Une biologie pur sucre
Théorie des humeurs et consubstantialité marquent les origines brumeuses de la nutrition cérébrale. Quant à l'ère moderne de la science, elle ne débute véritablement qu'au milieu du XXème siècle avec les premières études sur les besoins énergétiques de la cellule nerveuse. On a pu établir ainsi que l'organisme humain consommait environ 10 grammes de glucose par heure au repos, dont 4 pour le seul cerveau. Celui-ci représente donc près de la moitié des dépenses énergétiques de base. Or on sait que le stockage des sucres est limité à environ 100 grammes dans le foie, ce qui nous confère une autonomie théorique de 10 heures avant de refaire le plein. De fait, cela correspond à peu près à la durée qui sépare le repas du soir et le petit déjeuner du lendemain. En cas d'activité physique ou intellectuelle plus intense, les délais sont évidemment raccourcis. La sensation de faim nous rappelle la nécessité de manger plusieurs fois par jour. Si l'on tarde à passer à table, les neurones se rebellent. Cela se manifeste par une chute de l'attention et une nervosité inhabituelle. Parfois même de la maladresse. Ainsi, dans les écoles d'apprentissage, 4 accidents sur 5 se produisent entre 11 heures et midi chez des enfants en situation d'hypoglycémie. Nous sommes donc très dépendants de ces recharges bi- ou triquotidiennes de nos réserves. Cependant, nous ne sommes pas non plus totalement démunis pour faire face aux privations. En cas de disette, on peut ainsi compter sur la transformation de certains autres constituants de la ration pour fabriquer du sucre (un processus appelé "néoglucogénèse") ou encore sur la consommation d'ersatz de glucose (les "corps cétoniques") qui permettent de résister au jeûne pendant même plusieurs semaines. L'organisme s'adapte relativement vite à ces nouvelles conditions de survie. Deux ou trois jours sans manger suffisent à produire cette haleine de pomme caractéristique de la présence d'une substance nouvelle dans les cellules, l'acétaldéhyde, issue de la dégradation des corps cétonique. La sensation de faim disparaît. Les capacités de raisonnement déclinent aussi au cours des semaines suivantes et l'on s'enferme dans un mode de pensée obsessionnel qui donne un air illuminé à tous ceux et à toutes celles qui poursuivent de longues grèves de la faim. On peut même ressentir un certain bien être à l'origine probablement de la sacralisation du jeûne qui existe dans différentes religions. Tout cela est très impressionnant et prête facilement aux expériences. Si bien qu'à ses débuts, la psychonutrition scientifique s'est articulé autour de cette idée de prépondérance des apports énergétiques. L'hypoglycémie fut proposée comme l'explication universelle à tous les épisodes de fatigue cérébrale (4). Dans le sport aussi, on s'est mis à juger la performance à l'aune de la teneur sanguine en sucre. En 1924 déjà, Levine et ses collaborateurs avaient montré qu'il existait, chez les marathoniens, une étroite relation entre la glycémie mesurée à l'arrivée et la sensation de bien être des coureurs. L'idée est ensuite passée dans le grand public et chacun a appris à reconnaître les symptômes d'un manque de sucre dans le sang: palpitations, sensation de faim impérieuse, pâleur, anxiété, mal de tête, sueurs froides, tremblements. Cette crise d'hypoglycémie est susceptible d'apparaître à l'issue de deux heures et demi d'un effort intense, sans apport calorique, et elle disparaît généralement après une simple collation. Dans les cas plus graves, on peut aussi enregistrer des effondrements spectaculaires. La fatigue envahit alors tout l'organisme. On se retrouve incapable de bouger, de penser, de parler. La vue se brouille. Parfois on voit double. On peut même passer par des phases de confusion mentale qui peuvent aller jusqu'aux convulsions ou carrément jusqu'au coma.
Ces situations ne sont pas rares dans des disciplines comme l'alpinisme qui associe une débauche d'effort et des conditions souvent incertaines de ravitaillement. De façon générale, on considère que toutes les défaillances soudaines et réversibles, survenant à l'effort, qui associent une grande lassitude mentale à une faim tenace, doivent être mises sur le compte d'une chute de la glycémie. Pendant longtemps, on avançait aussi cette explication pour tous les problèmes de lassitude chronique et même les défaillances mentales comme celles décrites en début d'article. Aujourd'hui, on est moins catégorique. Prenons l'exemple de ces personnes qui ressentent une attirance irrépressible pour des aliments sucrés à certains moments de la journée. Vous savez, cette envie de chocolat ou de viennoiseries qui frappe souvent vers 10 ou 17 heures et qui, une fois satisfaite, nous laisse revigorés. S'agit-il vraiment de compenser un déficit cérébral en sucre? Rien n'est moins sûr! Les connaissances acquises depuis une trentaine d'années dans le domaine de la chimie cérébrale nous obligent effectivement à prendre en compte d'autres facteurs. Ainsi on ne considère plus seulement le sucre sous l'angle de son apport énergétique, mais on s'efforce aussi de comprendre son rôle dans l'organisme et notamment l'influence déterminante qu'il exerce sur la scène des neurotransmetteurs (10).
Les trous dans le mental
Le principal artisan des connaissances actuelles en psychonutrition s'appelle Robert Wurtman. Au début des années 70, ce Britannique a eu l'intelligence d'envisager les relations entre alimentation et fonctions cérébrales sous un nouvel angle. Il s'est intéressé aux précurseurs des neurotransmetteurs, c'est à dire aux molécules fournies par notre alimentation et dont la transformation aboutit à l'apparition de substances chimiques chargées de transmettre l'information de nerfs en nerfs. En 1971 déjà, Wurtman prouvait que l'on pouvait modifier le comportement des rats uniquement par la nourriture. Chez l'homme aussi, il est persuadé que les sautes d'humeur et de concentration sont liées à notre façon de nous alimenter. De ce fait, il s'intéresse beaucoup aux sportifs. "Il existe en théorie une mauvaise manière de s'alimenter, qui peut affecter les performances en rendant l'athlète léthargique, en diminuant son aptitude à soutenir son attention, ou en ralentissant l'influx nerveux" écrivait Wurtman dans un article de synthèse paru en 1991. "A l'inverse, il me paraît possible d'imaginer des mélanges de nutriments capables d'améliorer certaines fonctions cérébrales, comme si les aliments qui les fournissaient étaient alors des drogues" (14). Dix ans plus tard, on est passé du stade des spéculations aux applications pratiques. En fait, tout est parti d'une étude qui montrait une augmentation du taux de tryptophane dans le cerveau d'un rat à qui l'on avait donné une ration particulièrement riche en glucides. A priori, cette observation avait de quoi étonner! Le tryptophane est un acide aminé rare. De plus, il était totalement absent de la ration du rongeur. Comment sa concentration pouvait-elle augmenter en réponse à une élévation des glucides? Après bien des hésitations, Wurtman a finalement trouvé la solution (voir encadré). Du même coup, il découvrait un immense territoire d'expérimentation et matière de nutrition cérébrale (7). Car la présence de tryptophane dans le cerveau n'a rien d'anodin. Au contact de la matière grise, le tryptophane se transforme en sérotonine, un neurotransmetteur qui a pour effet d'apaiser la personne et de favoriser l'endormissement. D'où l'idée assez judicieuse de prendre un repas riche en glucides avant d'aller se coucher. A l'inverse, un plat riche en protéine renforcera plutôt la vigilance. Ici, c'est un autre acide aminé, la tyrosine, qui se trouve au centre des explications. La tyrosine, tirée des chairs animales, pénètre elle aussi dans le cerveau pour se transformer en catécholamines (dopamine, adrénaline, noradrénaline) mieux connue sous l'expression "hormones du stress". Certaines insomnies sont donc directement liées à la mauvaise habitude de trop manger de viande au dîner. A choisir, il vaut mieux manger le carpaccio à midi et les pâtes le soir. Notez ces concepts restent assez peu répandus dans la société. "De nombreux auteurs ont de la peine à admettre que des corps aussi largement répandus que les acides aminés puissent jouer un rôle aussi spécifique que celui de médiateurs" écrivait le neurobiologiste Jacques Taxi en 1971 (13). Trente ans plus tard, rien n'a changé. Les gens n'ont toujours pas pleinement conscience de l'impact de l'alimentation. D'autant qu'il est difficile de cibler un phénomène particulier -comme la synthèse des neurotransmetteurs- parmi les nombreux paramètres qui influencent notre mental. Mais les sportifs qui connaissent leur corps mieux que quiconque perçoivent aussi beaucoup mieux ce type de relation de cause à effet. On observe cela à travers certaines habitudes diététiques, notamment chez les marins engagés dans des courses à la voile au long cours (voir interview Yves Parlier). Avec eux, on peut même aller beaucoup plus loin dans les hypothèses de psychonutrition. Ainsi l'épuisement physique et nerveux qui survient après des heures d'effort intensif s'expliquerait lui aussi par les oscillations de la balance tyrosine/tryptophane. Rappelez-vous. Plus haut, nous avons écrit qu'en cas de chute de la glycémie, l'organisme produisait son propre carburant par un procédé appelé néoglucogénèse. Or, la tyrosine fait partie des substrats recrutés par cette filière pour servir de carburant d'appoint. Ce faisant, elle se raréfie dans les tissus et, par voie de conséquence, on observe une chute de la production des catécholamines et donc un émoussement de la motivation. Cela ne vous rappelle rien? On comprend mieux les propos de Martina Hingis qui relie une forme de lassitude dans sa vie avec la diminution de sa faculté d'attention sur le court; et ceux de Juan Carlos Ferrero qui différencie les fatigues nerveuses et physiques. Certes, ces deux fatigues évoluent à l'unisson. Mais, en tennis, la baisse de concentration précède les premiers signes d'une défaillance physique. Et l'on en paie très vite le prix. Dans d'autres disciplines, c'est évidemment moins flagrant.
En cyclisme ou en course à pied, par exemple, une grosse fatigue mentale n'empêchera pas forcément de réaliser de grandes performances. Pris dans l'engrenage des compétitions, certains athlètes ont tendance à ignorer leurs propres sensations de lassitude et à poursuivre leur saison coûte que coûte. A trop tirer sur la corde, ils risquent alors de sombrer dans des véritables phases de dépression ou de fatigue chronique au cours desquels on retrouvera d'ailleurs ces sévères carences en catécholamines ou en sérotonine liées au déséquilibre tyrosine/tryptophane. La prise en charge de ces sportifs littéralement épuisés implique alors d'analyser l'ensemble du mode de vie. On s'inquiète de l'équilibre de la flore digestive, mais aussi de la consommation de tabac, d'alcool, de médicament qui pourraient entraver ou, au contraire, favoriser l'assimilation de certaines catégories d'aliments. Voilà pour l'aspect pratique des choses. Mais, très souvent, cette anamnèse débouche sur des profondes remises en question, notamment concernant les ambitions professionnelles. Hors dopage, il est tout à fait logique de payer la surexcitation liée à une performance exceptionnelle par une phase de décompression d'égale durée.
Mais combien sont-ils à prendre soin de couper leur saison en pleine période de forme?
La psychonutrition se donne ainsi pour but à la fois de renseigner sur les erreurs à ne pas commettre en matière d'alimentation, mais aussi de faire prendre conscience du caractère inéluctable de certains processus organiques, notamment ceux à l'origine de la fatigue. Ignorer ses messages, c'est contracter une dette qui, à mesure que le temps passe, devient de plus en plus difficile à rembourser.




Le fast food rend con
Plus récemment encore, la psychonutrition s'est ouverte à de nouveaux développements qui dépassent à la fois les aspects énergétiques et la production des neurotransmetteurs. On s'intéresse par exemple aux caractéristiques plastiques de la cellule nerveuse, notamment à l'état des membranes prises régulièrement pour cibles par les radicaux libres. Or des dégâts à ce niveau se paient cash. La membrane fait effectivement office de filtre pour laisser passer ou, au contraire, refouler les divers transporteurs qui se présentent aux portes de la cellule. Si elle est abîmée ou détruite, elle ne remplit plus son rôle. On entre et on sort comme dans un moulin, ce qui se traduit par une altération générale de toutes les fonctions organiques: stress, fatigue, maladresse, maladie. Des auteurs comme Jean-Marie Bourre soulignent ainsi très régulièrement le rôle important des lipides, et plus particulièrement des acides gras essentiels, qui servent de matériaux de construction aux membranes et s'avèrent indispensables au bon fonctionnement du cerveau (3). Conscient du caractère indispensable de ces graisses, le Docteur Catherine Kousmine avait même pris l'habitude de les désigner sous le terme générique de "vitamine F". En clair, on ne peut pas réfléchir correctement sans se soucier de son apport en graisses. Et si l'on dit que le poisson rend intelligent, ce n'est certainement pas par le phosphore (inassimilable) qu'il contient, mais précisément parce qu'il est riche en graisses (notamment en oméga 3) qui interviennent précisément dans la constitution des membranes. Diverses vitamines sont également indispensables au maintien d’un bon niveau de concentration. Or nos besoins ne sont pas toujours correctement remplis. Sachez qu'en France, par exemple, on estime que les deux tiers des apports de vitamines B9 (Folate) doivent provenir des fruits et légumes frais. Il s'agit en effet d'une molécule fragile qui supporte mal la chaleur et les techniques de conservation. Il est donc pratiquement impossible d'assurer son équilibre en consommant exclusivement des produits industriels.
Chez les adolescents qui mangent régulièrement au fast food, on recense entre 5 et 10% de personnes carencées! Les risques sont encore plus important si l'on fume ou si l'on boit de l'alcool. Plusieurs médicament joue également le rôle de fossoyeurs de B9: les anti-épileptiques, les antimitotiques (utilisés en chimiothérapie contre le cancer), mais aussi la pilule et l'aspirine. Certaines personnes se retrouvent ainsi incapables de se concentrer tout simplement parce qu'elles paient le prix d'une mauvaise alimentation. On pourrait multiplier les exemples de ce type où l'on bride ses capacités intellectuelles par son mode de vie. Toutes les vitamines du groupe B sont concernées. Les minéraux aussi manquent souvent à l'appel. Or ils jouent un rôle essentiel dans une multitude de réactions. Un manque en fer peut ralentir la synthèse des bons acides gras membranaires. Des carences en magnésium ou en zinc peuvent bloquer la fabrication d'enzyme comme la "delta 5 désaturase" indispensable à la transformation des prostanglandines elles-mêmes impliquées dans de nombreuses réactions qu'il s'agisse de relayer l'action des hormones ou de contrôler les réactions inflammatoires. Le moindre déficit entraîne ainsi une cascade de réactions avant de se traduire en symptômes toujours très difficiles à interpréter. Ensuite, il paraît bien ardu de remonter à la source du problème. Aussi, dans ce domaine plus encore que dans d'autres, mieux vaut prévenir que guérir. Et cela implique de suivre en toutes occasions une alimentation équilibrée à base de produits frais (voir encadré).
Mon cerveau n'est pas une poubelle
Enfin, il y a le cas particulier de tous ces athlètes qui s'entraînent dur tout en s'empêchant de prendre du poids. Chez eux, les carences sont très fréquentes et la néoglucogénèse s'enclenche rapidement avec pour conséquence les sautes d'une humeur massacrante. "Quand je suis un régime l'hiver, je suis imbuvable", confessait Laurent Fignon, se souvenant de ces face à face avec son assiette de carottes râpées jambon. Rien d'étonnant en fait. Les effets de l'hypoglycémie s'ajoutent à ceux d'un déséquilibre de la neurotransmission et, pour corser le tout, un troisième phénomène intervient sous la forme d'une accumulation de déchets dans le cerveau, notamment l'ammonium produit par les muscles en phase de sous alimentation. Dans le pire des cas, lorsqu’on en forme en grande quantité au cours d’un effort très violent ou prolongé (comme un marathon), cet ammonium entraîne même des épisodes d'incohérences verbales, des troubles de l'équilibre et de la motricité (2). Ces symptômes disparaissent heureusement au repos. Mais il ne faudrait pas qu'une telle expérience se reproduise trop souvent. Car, lorsqu’on se trouve en permanence en déficit énergétique, un bain d’ammonium baigne constamment chacune de nos cellules. A la longue, l'empoisonnement par l'ammonium se traduit par une sensation permanente de torpeur, une baisse de motivation et à des difficultés de concentration. Là encore, cela implique de revoir la démarche diététique et de réévaluer les besoins énergétiques. En règle générale, il est déconseillé, voire dangereux de descendre à moins 6 grammes de glucides par kilo, même dans le cas d'un régime hypocalorique sévère. En période d'entraînement, on pourra même se montrer un peu plus généreux (10, 11). D'autant qu'un autre composé menace de polluer le cerveau lorsqu'on place le corps en situation de surmenage. Ce sont les cytokines, sortes de messagers cellulaires libérés par les fibres musculaires victimes d’une inflammation liée à la persistance de microdéchirures (12). Ce risque est particulièrement important en course à pied. L'onde de choc à chaque impact du pied sur le sol produit une inflammation, d'abord locale, puis généralisée, avec, pour finir, un grand largage de ces cytokines dans l'organisme. L'une de ces molécules, l'interleukine-6 intervient au niveau du système nerveux central pour modifier le comportement (12). Les sujets deviennent apathiques, perdent du poids, subissent une chute de libido et peuvent souffrir d'angoisse et des troubles du sommeil. Ce désintérêt pour la vie quotidienne ressemble très fort aux symptômes de la dépression. On comprend alors qu'on ne peut pas envisager de répondre efficacement et durablement à une lassitude psychologique sans s'attarder sur la façon dont l'athlète s'alimente et notamment comment il restitue ses réserves de glycogène entre deux séances. Dans certains cas, la psychonutrition peut nous aider à corriger certaines insuffisances fonctionnelles. Dans d'autres, elle nous aide seulement à interpréter les signaux de l'organisme et à comprendre l'extraordinaire complexité du dialogue entre le muscle et la tête qui permet de régler chaque fois l'activité motrice sur le niveau de réserve énergétique. L'ingéniosité de la nature n'a décidément pas de limite et, à notre avis, l'un des plus beaux défis posés à l'intelligence humaine consiste précisément à mobiliser toute la puissance de raisonnement de notre cerveau, pour en comprendre son propre fonctionnement!
(*) : " L'Equipe ", 9 juin 2001.
(**) : " Le Monde ", le 9 juin 2001.





Encadré 1
Ote-toi de là que je m'y mette
Comme nous l'écrivons dans l'article, le point de départ de tous les développements en psychonutrition fut cette découverte à priori très étrange d'une élévation du tryptophane aux portes du cerveau à la suite d'un régime particulièrement riche en glucides. L'explication de ce phénomène a été trouvée. Mais elle nous oblige à revisiter pratiquement toute la physiologie. En effet, le propre d'un repas hyperglucidique sera de produire une libération d'insuline pour stocker le sucre dans les tissus. Mais pas seulement le sucre! L'insuline favorise aussi la pénétration de certains acides aminés à l'intérieur de la cellule, notamment la tyrosine qui abonde dans l'organisme. Or cette tyrosine joue un rôle important dans l'équilibre nerveux. En pénétrant dans le cerveau, elle se transforme en catécholamines qui assurent la vigilance. En entraînant une diminution de la concentration de tyrosine, la libération d'insuline contribue donc à produire une sensation rapide d'apaisement, parfois même d'assoupissement, après le repas. Celle-ci est d'autant plus marqué qu'en absence de tyrosine, la voie est libre pour la pénétration de tryptophane au sein de la matière grise et donc une accélération de la production de sérotonine. Il règne en effet un mouvement de balancier entre ces deux substances du simple fait de leur rivalité pour franchir la barrière hémato encéphalique. Il faut savoir, en effet, que notre cerveau n'est pas un organe ouvert à tous vents qui se laisserait visiter par n'importe quelle molécule. Ce serait beaucoup trop dangereux! Il est donc protégé par des multiples membranes, les méninges, qu'il faut pouvoir traverser pour pénétrer dans le saint des saints. Une barrière dite hémato encéphalique organise donc le passage des protéines au gré des besoins et, pour éviter une invasion trop brutale, elle recourt à un système de filtres similaires aux tourniquets semblable à ceux qui se trouvent à l'entrée des stades. On ne peut pas passer à plus d'une personne à la fois. Or ce sont les mêmes tourniquets qu'utilisent le tryptophane et la tyrosine. Les deux acides aminés se trouvent donc en compétition à l'entrée du cerveau et la baisse de l'un entraîne inévitablement une meilleure pénétration de son rival. En règle générale, l'issue de cette lutte est favorable à la tyrosine. Elle représente 4 à 5% de l'ensemble des acides aminés des protéines alimentaires, soit trois fois plus que le tryptophane. En outre, elle peut faire l'objet d'une synthèse au niveau hépatique à partir de la phénylalanine, un autre acide aminé essentiel, ce qui est impossible pour le tryptophane (1). Bref, la compétition tourne le plus souvent en défaveur du tryptophane. Mais parfois la tendance s'inverse. Notamment dans le cas d'une alimentation particulièrement riche en sucres puisque alors, nous l'avons expliqué, la libération d'insuline et la captation de la tyrosine dans les tissus lui laisse davantage de place. Certaines boulimies dites sucrées s'expliqueraient ainsi par un besoin irrépressible de compenser un déficit chronique en sérotonine. D'après l'avis de nombreux spécialistes, cette situation serait même beaucoup plus fréquente qu'on ne l'imagine. Notamment chez tous ceux qui se rabattent sur les friandises ou les chocolats pour se redonner le moral.
Encadré 2
Chercher le tryptophane
La sérotonine est un neurotransmetteur encore très mystérieux qui fait actuellement l'objet de beaucoup d'attention. On se demande en effet comment il faut interpréter les fluctuations de sa concentration. On a remarqué ainsi qu'une chute chronique du taux de sérotonine au repos correspondait à un état persistant de fatigue, voire de dépression. Une nouvelle vague de médicaments dits sérotoninergiques (qui miment l'action de la sérotonine) permet alors de rétablir l'équilibre de façon plus ou moins spectaculaire. Evidemment, ils ne résolvent rien au problème initial du manque de sérotonine et de son principal précurseur le tryptophane. Où est-il passé? Cette question conditionne véritablement les développements de la micronutrition et, de là, de la nutrition cérébrale, et le tryptophane apparaît de plus en plus clairement au centre d'un carrefour métabolique important. Outre sa transformation en sérotonine dans le cerveau, il participe aussi à construction de gros complexe enzymatique dans le foie (le "Cytochrome P450") chargés de lutter contre tous les composés toxiques susceptibles de se répandre dans l'organisme: alcool, cigarette, café, thé, médicaments, pollution, etc. Il se trouve aussi réquisitionné pour lutter contre la dissémination accidentelle des constituants cellulaires, comme chez les grands brûlés, par exemple, mais également chez les sportifs qui ont subi une destruction importante de fibres musculaires. En cas de grosses intoxications, cette filière détourne une grande partie des réserves de tryptophane, ce qui se répercute évidemment par des carences dans la production de sérotonine au niveau cérébral. Or notre mode de vie qui nous met en contact avec toutes sortes de poisons prédispose donc au déséquilibre nerveux. Jamais en retard d'une bonne opération commerciale, les laboratoires pharmaceutiques américains commercialisent déjà des poudres de tryptophane sensées remettre notre sérotonine à jour. Mais attention. Toutes les fatigues ne proviennent pas d'une carence en tryptophane. Chez les sportifs, le problème du surentraînement découle même très souvent de la situation inverse, c'est-à-dire dire d'une surproduction de sérotonine liée à une surabondance de tryptophane au niveau central. Ce syndrome a été très bien décrit par Eric Newsholme chez des athlètes d'endurance (9). Pour l'expliquer, il met en avant deux phénomènes. D'une part, il note que l'utilisation des acides aminés ramifiés par les muscles lorsque les réserves de glycogène s'épuisent, affecte aussi le tryptophane qui, n'étant pas consommé comme carburant, voit soudain la concurrence avec les autres acides aminés tourner en sa faveur. D'autre part, il a observé qu'en cas d'effort prolongé, le tryptophane perd son transporteur exclusif dans le plasma, l'albumine, appelée à des tâches plus urgentes. Au delà d'une heure d'effort, l'albumine se voit en effet réquisitionnée pour fixer les acides gras qu'elle doit alors conduire en urgence vers les muscles actifs. Pour cela, elle doit abandonner sa cargaison de tryptophane qui s'accumule dans l'organisme au hasard de la circulation. Une partie se transforme en sérotonine dans le cerveau, ce qui produit petit à petit une sensation de fatigue et de lassitude. La seule façon de lutter contre cela consiste à retarder le plus possible le processus grâce à une prise régulière de glucides et d'acides aminés ramifiés pendant l'effort.
Encadré 3
La tête et les jambes
En matière de psychonutrition, on adopte comme postulat que la fatigue à l'effort trouve aussi son origine dans le cerveau et pas seulement dans les processus de contraction musculaire. Or la question a longtemps fait l'objet d'un débat dans le monde scientifique qui, comme il fallait s'y attendre, s'est soldé par un match nul. Il existe en effet deux fatigues qui s'additionnent: l'une centrale et l'autre périphérique (7). Deux expériences permettent de se faire une idée plus précise du phénomène. La première remonte à 1979 par l'équipe de Bigland Ritchie, qui a montré que la stimulation électrique d'un muscle fatigué permettait de restaurer une partie, mais une partie seulement, de sa force initiale. On peut en déduire ainsi que la différence qui persiste entre les deux niveaux de force est attribuable à la fatigue périphérique puisqu'en court-circuitant les commandes cérébrales, on se trouve incapable de produire le même niveau de force. La seconde expérience est plus récente. Elle est l’œuvre de Yannick Guézennec dans son laboratoire du CERMA grâce à une expérience sur des singes. Par une implantation intracrânienne, il a pu mesurer l'activité électrique des neurones du cortex moteur et, en prolongeant jusqu'à la fatigue un exercice de contraction du biceps, il a pu constater une diminution progressive de l'intensité de la commande. Cela prouve bien que l'ordre de contraction perd de sa force dès son origine cérébrale. Il a même démontré qu'une stimulation intracrânienne par des ondes électromagnétiques intenses permettait de restaurer une partie de l'activité musculaire perdue. En réfléchissant spécifiquement aux besoins du cerveau, la micronutrition vise donc à faire en sorte que les commandes cérébrales durent plus longtemps. Comme les piles Duracel!


BIEN NOURRIR SON CERVEAU.
1) Il n’est pas plus utile à un intellectuel de se gaver de cervelle qu’à un préposé au courrier d’avaler de la langue. La cervelle, aujourd’hui de plus en plus difficile à trouver, apporte certains acides gras que les poissons gras nous délivrent aussi.
2) Les poissons, notamment ceux dits « gras », sont très utiles, non pas à cause du phosphore, qu’on trouve dans de nombreuses autres sources de protéines, mais pour leur richesse en acides gras essentiels, indispensables au bon fonctionnement du cerveau.
3) Mangez suffisamment de glucides, matin, midi et soir, en privilégiant les produits à index glycémique faible (céréales complètes, fruits, légumes secs), par ailleurs pourvoyeurs de vitamines et minéraux indispensables au bon fonctionnement cellulaire. En cas d’activité sportive régulière, pensez systématiquement à une prise de glucides dès votre retour !
4) Le chocolat noir est bon pour la santé de vos neurones : Riche en lécithine (lubrifiant des neurones), en acides gras mono insaturés (comme l’huile d’olive) en vitamine B6, en fer, en cuivre, en magnésium (tous impliqués dans la synthèse de neurotransmetteurs), il délivre également du sucre et beaucoup de plaisir à l’origine d’un réel apaisement. L’hypothèse d’une dépendance au chocolat, un moment avancée par des esprits chagrins, n’est qu’un mythe, de même que sa propension à faire grossir ceux qui en mangent quotidiennement.
5) Pensez au foie (de volaille par exemple), aux fruits de mer, au germe de blé et à la levure de bière, très riches en minéraux et vitamines de toutes sortes, grâce auxquels le déroulement des multiples réactions chimiques se tenant dans nos tissus sera optimal.
6) Consommez un peu de protéines le matin (œuf, jambon, lait de soja) en pus des vitamines, car ceci garantit une préservation plus longue du rapport sérotonine/catécholamines tout au long de la journée. En clair, cela aide à rester plus vigilant et à mieux dompter ses envies de sucre.
7) Ne négligez pas les noix, les noisettes, les amandes, les avocats, pourvoyeurs de multiples acides gras très utiles et de nombreux minéraux. Même ceux qui veulent perdre du poids ou se soucient des maladies cardio-vasculaires peuvent en consommer avec bonheur.
8) Par sa richesse en tyrosine et en protéines, la viande rouge exerce effectivement un effet stimulant que des générations ont su tirer de son ingestion. A éviter, si possible, le soir, sauf peut-être le jour de son mariage…
9) Peut-être pas dix, comme dit la publicité, mais au moins 5 fruits et légumes par jour : Cet apport améliore la couverture des besoins en anti-oxydants, qui protègent les acides gras des membranes des neurones. Avec 480 de fruits et légumes par jour et par habitant, en moyenne, e Français est encore loin du compte…
10) Si vous êtes un adepte de la restauration rapide sous toutes ses formes une fois par semaine, additionnez à votre ration (chez vous) du pain complet, de la levure de bière du germe de blé, et éventuellement faites-vous prescrire des compléments adaptés, avant de devenir complètement idiot !
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(14) : WURTMAN R, LEWIS B & Coll (1991) : Med.Sports Sci., 32 (special issue) : 94 109.
Denis Riché - 2001
Le 15ème livre de Denis Riché sera publié le 18 janvier 2021.
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